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Une perspective critique sur Rene Guenon

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Une perspective critique sur Rene Guenon

Notice Biographique

Il n'entre pas dans les intentions de l'auteur de s'engager dans une polémique sur la personne de René Guénon, de son oeuvre, de ses idées, ni de ses actes. Par contre, le temps est venu d'exposer des faits précis et documentés dont les efforts de disciples bien intentionnés et "bien pensants" ont empêché la publication, ou tentèrent avec un certain degré de réussite, de publier des "biographies succintes" cachant avec soin tout ce qui pourrait ternir l'image du "grand homme", ce qui se traduirait par une chute sensible des ventes de ses ouvrages. Il faut admettre que Guénon a été une valeur sûre sur le marché du livre occulte français, avec Nostradamus et Léo Taxil. Un exemple de ces notices prudentes est celle de Jean-Pierre Bayard.



La pire chose qui puisse lui arriver est que pour 454i81e certains, il perde son statut de demi-dieu en tombant d'un piédestal illusoire. Si Guénon fut un vulgarisateur populaire de la spiritualité en France, il fut surtout un homme comme les autres. Comme la plupart des êtres humains, il avait quelques éclats de grandeur et pas mal de défauts. Il réussit à se faire passer pour l'apôtre de la vérité tout en se trompant souvent, comme le reste des humains.

La cause profonde qui l'empêcha de devenir un auteur de réputation mondiale fut son manque d'humilité, et non pas ses erreurs qui furent nombreuses, qui l'empêcha de les corriger et d'en comprendre les leçons. Chose plus grave, quand il ne savait pas, il inventait; et si les inventions étaient découvertes, il refusait d'admettre même l'évidence. Cette arrogance le poussa à manipuler la vérité jusqu'à s'approcher dangereusement du mensonge, et à tenter de se grandir en abaissant par la calomnie, ceux qu'il pensait être une entrave à ses projets. Ce qui ne l'empêchait pas, pour échapper aux critiques, d'apporter discrètement des corrections dans les rééditions successives de ses livres, sans faire mention des sources ni faire amende honorable. Les éditions publiées après 1945, par exemple, ont éliminé les conotations racistes des originaux.

L'oeuvre de René Guénon nous est proposée encore aujourd'hui comme référence à nombre de représentants de la pensée dite "traditionnelle", (ce qui ne signifie pas grand chose de précis) particulièrement en milieu Maçonique. La chose en est d'autant plus surprenante si l'on sait que Guénon, dès son initiation à la Grande Loge de France, a immédiatement trahi le serment de silence en écrivant de nombreux articles dans la revue anti-maçonnique. Si son oeuvre jouit d'un prestige considérable, cela tient à son incontestable talent d'écrivain, mais aussi à sa réputation d'intégrité intellectuelle et morale assistée d'une formidable érudition (sic), réputation que Guénon a prit soin d'entretenir en encourageant l'usage du titre dont s'est lui-même paré: grand codificateur de l'Esotérisme (re-sic). Avec le temps, il est apparu

que la fameuse érudition de Guénon n'était en fait qu'un plagiérisme élaboré. Aujourd'hui, la législation en matière de protection des propriétés intellectuelles ne permettent plus un tel pillage, si souvent pratiqué au XIXe siècle et au début du XXe.

Toutefois, quels que puissent être les mérites de son oeuvre, les pages qui suivent montreront que la réputation d'érudition sérieuse et de rigueur qu'on attache à son nom est plus que surfaite. Il apparaîtra que René Guénon doit surtout l'étendue de son audience à ce qu'il décrit comme la docte ignorance de ses fidèles, plus inclinés à l'admiration de l'aplomb de leur mentor que soucieux de contrôler les affirmations arbitraires et ses qualifications souvent douteuses. En le plaçant sur le piedestal qu'il occupe en France seulement, dans l'esprit de beaucoup de ceux qui ne l'ont pas connu, ni connu le monde dans lequel il a grandi, on lui accorde une infaillibilité injustifiée. Son oeuvre contient sa part d'erreurs, pas plus ni moins

que l'oeuvre d'autres auteurs. L'erreur principale de sa carrière est cette forme d'orgueil si courant dans la culture française de son époque, qui l'empêcha de reconnaître ces erreurs. Au lieu de les admettre, ou de les corriger, ou même de les ignorer, sa réaction fut de pousser la polémique jusqu'à la mauvaise foi. Erreur humaine s'il en est, découlant de l'éducation particulière de la fin du XIXe siècle imbue de la supériorité de la race blanche, et de la race française en particulier; une attitude qui fut la source de bien des injustices, telles que "l'affaire Dreyfus".

Et si cet essai égratigne un peu son image divinisée, il aura le mérite de montrer un homme au-dessus de la moyenne de ses concitoyens, dont les opinions influencèrent fortement la pensée spirituelle de son temps, même si ne ce fut pas toujours dans un sens positif. Si ses oeuvres littéraires peuvent conduire certains sur la voie spirituelle, les valeurs morales qu'il pratiqua ne portent pas la marque des vertus de courage, de sincérité, ni d'intégrité qui sont celles d'un être spirituel.

Informations biographiques:

René Guénon est né à Blois le 15 novembre 1886 et y fut baptisé sous les prénoms de René, Jean, Marie, Joseph. Il était le fils de Jean-Baptiste Guénon, architecte, et d'Anna, Léontine Jolly. Il passa une jeunesse feutrée, fort couvé par sa mère qui croyait sa santé fragile. Ce fut sa tante, Mme Veuve Duru, née Ernestine Joly, qui le reçut dans sa maison au bord de la Loire, et qui fut sa tutrice jusqu'à ce que le jeune René eut atteint l'âge de douze ans. Son père, un antidreyfusard convaincu, contribua largement à la formation

éthique du jeune René, en particulier son antisémitisme. Il est probable que l'attrait qu'il éprouva plus tard pour la culture arabe, était dû surtout à la haine endémique que l'Islam professe envers les juifs. Comme il est de coutume dans les famille Catholiques romaines, René Guénon fit sa première Communion et fut ensuite confirmé dans l'église Saint-Nicolas, à Blois. Il amorce ensuite des études secondaires à l'école Notre-Dame-des-Aydes. Intelligent, il arrive fréquemment à obtenir de bons résultats scolaires, malgré de

nombreuses absences. En 1901, son père, le jugeant victime de jalousies, l'envoie au collège Augustin-Thierry à Blois. Il obtient son baccalauréat (Lettres) le 15 juillet 1904 avec la mention "assez bien" et quitte Blois pour préparer une licence en mathématiques au collège Rollin et s'installe au 51, rue St-Louis-en-L'Ile. Il abandonne ses études deux ans plus tard, à la suite d'un échec retentissant. Les biographes officiels de Guénon passent très vite sur les années de 1906 à 1912, date de son mariage. Pourtant ces six

années seront déterminantes pour la formation de la personnalité du René adulte.

Aucune raison n'est donnée pour justifier "l'abandon" de ses études. Un de ses biographes dit "Guénon abandonna ses études pour s'adonner aux études ésotériques". La vérité est plus prosaïque: Guénon, loin

d'être un sur-doué, simplement rata ses examens... Ses études lui permirent de développer sa connaissance de la langue françaises et de développer le style particulier qui rendit populaire. Il entrepris en effet des études ésotériques en s'inscrivant à la Faculté des Sciences Hermétiques de Papus. Cette Faculté donnait des cours plusieurs fois par semaine, et ces cours étaient complétés par des tenues de loges martinistes. On attendait des élèves qu'ils rejoignent le Martinisme. Malgré son très jeune âge, Guénon s'installa avec une vitesse stupéfiante, dûe à surtout à son manque de scrupule et fort peu à son intelligence, dans les hauts grades des spiritualistes. Grâce à Noël-Chamrenaud, il fut initié dans l'Ordre Martiniste, investi Supérieur Inconnu par Phaneg, accueilli dans la loge Humanitad puis dans celle d' I.N.R.I. En avril 1908, il reçut le grade de Maître du rite Ecossais de Memphis-Misraïm et deux mois plus tard il accédait, au moyen de la patente de Théodore Reuss, au 90e degré de l'Ordre de Misraïm.

En juin de la même année, Papus organisa une manifestation d'envergure qui consacra son rang de chef de l'occultisme en France. Il s'agissait du Congrès Spiritualiste qui rassembla quelque 30.000 adhérents, selon la revue l'Initiation. Parmi les orateurs, on put applaudir Phaneg, Gabriel Delanne, le Dr Biagini, Ernest Bose, Albert Jounet, Hector Durville, Faugeron, Patrice Gentry, Alexandre Thomas et Dubourg. Fabre des Essarts "en gilet et gants violets, l'anneau épiscopal d'améthiste au doigt" entretint son public de la Gnose. René Guénon prit aussi la parole, mais passa pratiquemnent inapperçu dans l'ombre d'Encausse. L'ambition de Guénon n'appréciait pas cette position mineure, et lorsque vers la fin de l'année, Papus s'occupa de promouvoir l'oeuvre de Saint-Yves d'Alveydre, puis pris ses vacances habituelles dans le midi, Guénon crût que l'heure était favorable pour supplanter son mentor.

A l'insu de Papus et des dignitaires de l'Ordre Martiniste, Guénon fonda, avec deux autres membres d'Humanitas: Desjobert et Alexandre Thomas, dans le plus grand secret, l'Ordre du Temple Rénové. Le

secret était important, car Guénon avait affirmé à Papus, pour pouvoir disposer gratuitement de son local du 33 rue Jacob pour son nouvel Ordre secret, qu'il donnait des cours dans le cadre de la Faculté des Sciences Hermétiques. Victor Blanchard affirma plus tard que de grandes choses se passèrent dans l'Ordre du Temple Rénové. En réalité, ce pseudo-ordre n'était qu'un cercle spirite minuscule qui ne compta jamais plus de cinq membres. On y fit des choses fort sérieuses en effet: tourner les tables, on y assista à la

matérialisation de Cagliostro parfois accompagné de Weishaupt ou de Frédéric le Grand. Ces grandes âmes approuvaient le Martinisme, la Rose-Croix et le Christ, ainsi que les doctrines de Guaïta; mais pas

l'influence de Papus. A la demande des compères du Temple Rénové, Jacques de Molay accepta de leur transmettre tout le savoir des Templiers, mélange subtil de mystères d'Osiris, pythagorisme, de kabbale, d'Evangiles, de gnosticisme et de synarchie. Grâce à une habile et secrète propagande, Guénon attira les plus jeunes membres d'Humanidad en mal de spiritisme: Victor Blanchard, Patrice Gentry, Louis Gastin, Dauriam et Charles Blanchard. Ce dernier fut sacré Commandeur de l'Ordre du Temple Rénové et admit plus tard avoir usé de son influence personnelle et de celle de son père pour pousser ses amis à noyauter Humanitas, pour s'emparer du secrétariat de l'Ordre Martiniste et de toutes les adresses des membres, assurant ainsi toutes les chances de Guénon à la succession de Papus.

La chose faillit réussir. Le fidèle Sédir venait de jeter l'éponge de l'occultisme, découragé par la maladie de sa femme. Papus partit se reposer dans le Midi, puis prit le train pour la Russie à la demande désespérée de Pétia qui avait du fermer sa loge, à cause de l'intervention de la police tsariste. Croyant Papus en position de faiblesse, Guénon était prêt à prendre sa place.

Malheureusement pour lui, Victor Blanchard ouvrit sa propre loge Martiniste "Melchissédeck" qui fut inaugurée par "Alkaheste", Vénérable de la loge Karma. Ce fut à cette occasion que Papus découvrit les manoeuvres de Guénon et son occupation non-autorisée de ses locaux. Papus, se sentant menacé, ne prit pas de demi mesures: Charles Blanchard fut aussitôt interdit dans toutes les loges; Victor Blanchard vit la charte de Melchissédeck annulée; Paul Vieux, le secrétaire de l'Ordre Martiniste de l'époque qui avait donné à Guénon les adresses des membres, dut se démettre de ses fonctions, Louis Gastin et Victor Blanchard furent sommés par Papus de choisir entre le Martinisme et l'Ordre du Temple. Gastin suivit les injonctions de Papus, Blanchard se démit publiquement de toutes ses fonctions templières dans les colonnes de l'Initiation et renonçait à tous ses grades dans l'Ordre du Temple dans sa lettre de démission à René Guénon. Il publia également dans l'Initiation, tous les procès-verbaux des scéances spirites que Guénon conduisit avec ses amis de l'Ordre du Temple de février 1908 à janvier 1909. La carrière

martiniste, occultiste et spiritiste de Guénon venait de prendre fin, sa carrière gnostique commençait...

Petit à petit, il s'était rapproché de Synésius (Fabre d'Olivet). Il entra dans le clergé de l'Eglise Gnostique et trouve dans le Encyclique Antimoderniste de Jean Bricaud les fondements de sa propre philosophie. En 1909 il fut élevé à l'épiscopat de l'Eglise Gnostique de France et en devint l'évêque d'Alexandrie sous le nom de Palingénius.

Mais pour tenter de reprendre la place de Papus après son échec retentissant, Guénon devait mettre en place une nouvelle stratégie. Il savait qu'il devait d'abord fonder sa propre revue pour concurrencer l'Initiation, ensuite détruire le Martinisme.

Se servant de l'autorité de Frabre des Essarts, (ainsi que de ses économies), Guénon fonda la Gnose et en prit la direction. Cette revue se maintint jusqu'en 1912 lorsque Guénon se sépara définitivement de Fabre qui, bien entendu, ne revit jamais son investissement... La revue ne tira que rarement plus de 100 exemplaires dont plus de la moîtié des copies étaient distribuées gratuitement. Parallèlement, Guénon travailla à déstabiliser l'autorité de Papus dans sa propre organisation et utillisa la Gnose pour le dénigrer.

Bien que promettant allégeance au Patriarche de l'Eglise Gnostique qui abhorrait l'Eglise Catholique Romaine, Guénon s'associa, ainsi que sa revue, à La France Chrétienne, et avec son directeur Clarin de

la Rive. Cette revue d'extrême droite, même pour la majorité des Romains, attaqua régulièrement l'Eglise Gnostique de France et son Patriarche. Par cette association, Guénon commença a pratiquer la duplicité qui caractériasa le reste de son existence. La motivation de ses defections et trahisons successives se trouve sans doute dans la nécessité qu'avait Guénon de vivre de sa plume. En "travaillant sur plusieurs fronts", Guénon espérait, et souvent réussit, à se créer des opportunités de trouver des mécènes.

Lorsque les opportunités offertes par l'Eglise Gnostique s'amoindrirent, Guénon pensa à se faire maçon. En se prévalant du Rite National Espagnol auquel appartenait la Loge papusienne Humanidad, Guénon tenta d'abord d'entrer dans la Loge de Travail et des Vrais Amis. L'enquète prouva qu'il en avait été expulsé et Oswald Wirth, le Vénérable, rejetta sa candidature. Guénon alors se présenta, avec succès cette fois, à Thébah, la loge de la Grande Loge de France, dont Deulin était le Vénérable.

En 1913, après la disparition de la Gnose, Guénon accepta un poste de rédacteur à la Revue Chrétienne.  Abel Clarin de la Rive lui demanda de prendre la direction de la section anti-maçonnique. Guénon, selon son habitude, travailla en Maçonnerie et en même temps oeuvrait à la calomnier sous le pseudonyme du Sphinx.

Ce fut Papus, encore lui, qui démasqua la duplicité de Guénon. Il se moqua dans un débat public en 1914 de la naïveté des écrivains cléricaux de faire appel pour leur polémiques, à des maçons déguisés en "sphinx" à pattes de canards. Il plaçait ainsi Guénon dans la lignée de Léo Taxil et du docteur Bataille.

Parallèlement, Guénon collabora aussi à la revue La France antimaçonique, pour laquelle il écrivit toute une série d'articles également sous le pseudonyme du Sphinx,  en souvenir peut-être de son passage dans l'école de Papus. Il est probable que ce double jeu ait eut des raisons économiques. Mais il est aussi tout aussi vraissemblable qu'il laissa libre cours à ses habitudes de critique et de duplicité. Il avait, en effet, très vite découvert que le public de l'époque, s'il était friand d'occultisme, lisait bien plus souvent les articles polémistes que ceux exposant les doctrines spirituelles.

Certains biographes appellent la période de 1906 à 1912, les années de paradoxe de sa vie. Pourtant, si l'on y regarde de plus près, Guénon toucha à toutes les écoles de spiritualité parisennes de son temps, sans vraiment s'attacher à aucune d'elles. Bien qu'il y fut toujours bien reçu et grandit grâce aux enseignements de ses instructeurs successifs, Guénon ne garda aucun sentiment de gratitude à leur égard. Souvent, il commença à les dénigrer, parfois à les trahir, même avant de les avoir quittées. Ce n'est que fort rarement

qu'abandonnant son orgueil, il se permettra de rendre homage à un instructeur.

En 1910, ayant raté sa tentative de détrôner Papus dans son rôle de chef de file de l'occultisme français, René Guénon cherche de nouvelles orientations. Il a parfois l'occasion de se faire inviter dans le salon de la Duchesse de Pomar, où il peut se frotter à tous les personnages marginaux du temps: Mme Blavatsky et le Colonel Olcott, mais aussi Augustin Chaboseau, Fabre d'Olivet ainsi que Zelma, Aimée et Charles Blech. Depuis ses démêlés avec Mme Blavatsky, on y voit rarement Papus. C'est là que Guénon rencontra probablement le peintre suédois John Gustaf Agelii (alias Ivan Aguéli ou Abdul-Hâdi) qui l'initie à l'Islam. Tout indique que sa liaison avec Guénon fut de caractère homosexuel, qui résultat dans une rupture du patronage de la maison royale pour le peintre suédois.

En 1912, John Gustaf, maintenant Abdul-Hâdi (le Serviteur du Guide) avait reçu l'Initiation musulmane du Maître Abder-Rahman Elish El-Khébir, il la transmit à Monseigneur Palingénius qui devint Abdel

Wahed-Yahia (le Serviteur de l'Unique). Mais René avait aussi rencontré Berthe Loury et lui fit la cour. Leur mariage eut lieu en juillet 1912 selon le rite Catholique Romain (au diable l'Islam et l'Eglise Gnostique!) après une rupture abrupte d'avec Agelli.. Le couple s'installa au 51, rue Saint-Louis-en-l'Ile avec une nièce et y demeura jusqu'au début de la première guerre mondiale.

La dot de son épouse permit à Guénon de vivre confortablement, car les revenus de sa revue étaient médiocres. Il fut appelé sous les drapeaux en 1914 et échappa à la mobilisation en août. Ses amis dirent qu'il fut réformé, ses ennemis affirment qu'il présenta un certificat médical de complaisance. Quoi qu'il en soit, pendant que Papus et les autres faisaient leur devoir aux tranchées, Guénon "se consacra à l'élaboration de sa pensée".

Privé de ses maigres ressources par la guerre, la dot de sa femme s'amenuisant, Guénon dût chercher du travail. Avec l'aide d'amis de l'Action Française, il obtint un poste à Saint-Germain en Laye à en 1916, Sétif (Algérie) en 1917, enfin à Blois en 1918. Bien que ses amis nous disent qu'il rentra en France pour "enseigner la philosophie au collège de Blois", la chose est peu vraissemblable puisque Guénon n'a aucune qualification académique et même dans un établissement d'enseignement catholique romain, la chose est nécessaire. La réalité est moins brillante: Guénon n'était à Blois qu'un surveillant d'études, un "pion" comme on disait à l'époque, et d'après les souvenirs d'un de ses anciens élèves. De cette époque que datent ses premiers contacts avec Jacques Maritain par l'intermédiaire de Noëlle Maurice Denis.

En 1919, René Guénon a une fois de plus perdu son emploi probablement à cause de la démobilisation d'enseignants plus qualifiés, certaines mauvaises langues pourtant disent que les nombreux changements dans la carrière de Guénon sont dûs à son attrait pour certains jeunes élèves. La chose n'est pas prouvée et ces médisances sont sans doute dues à ses anciennes relations avec John Gustaf Agelii. Quoi qu'il en

soit, il comprend que sans qualification académique, sa carrière d'enseignant sera terminée. Faisant encore jouer ses appuis, il parvient à préparer une thèse de doctorat en philosophie sans passer par les préliminaires habituels et à la présenter à deux reprises sans succès en 1920 et en 1921. Sylvain Lévi lui refuse le doctorat pour un texte qui sera publié plus tard comme son premier livre. C'est un échec complet qui marquera Guénon pour le restant de ses jours. Une fois de plus, Guénon ne veut pas voir ses erreurs, mais considère le refus de Lévi comme une attaque personnelle qui renforce son anti-sémitisme. Il en gardera un mélange d'envie et de haine secrète envers les personnes ayant réussi une éducation académique, tout en tentant de présenter à un public crédule, une image extérieure "scientifique". Son style et sa maîtrise de la langue française arriveront parfois à faire oublier l'arrogance de ses propos.

Après son cuisant échec, Guénon réalise qu'il n'a aucun espoir de trouver du travail dans l'enseignement. Il entreprend alors les premières démarches pour lancer sa carrière d'écrivain. En 1922, ayant entendu qu'Augustin Chaboseau était parvenu à y publier son Boudhisme Esotérique, Guénon devient membre de la Société Théosophique pour se reconstituer un réseau de contact dans le monde de l'occultisme, car ses amis catholiques l'avaient abandonné.

Il présenta donc le manuscrit de son premier livre Introduction générale aux doctrines hindoues, qui n'est autre que sa thèse doctorale, à la plupart des éditeurs connus, mais sans beaucoup de succès. René Guénon contacta Charles Blech, le Secrétaire Général de la Société Théosophique de France et directeur des Éditions Adyar, et lui présenta son manuscrit. Sachant l'échec de la thèse de Guénon, le Secrétaire Général décida de soumettre le manuscrit aux spécialistes des quartiers généraux de la Société Théosophique d'Adyar, qui possédait la plus grande collection de textes hindous au monde. Comme il parlait courramment le français et qu'il avait travaillé à Ceylan comme apôtre du Bouddhisme, Charles W. Leadbeater fut chargé de l'analyse du texte. Leadbeater releva des erreurs graves dans le travail de Guénon, sans doute celles qu'identifia Sylvain Lévi. Mais il pensait que ces erreurs étaient dûes principalement aux mauvaises traductions françaises des textes hindous sur lesquels l'auteur s'était basé. Guénon, qui ne parlait et ne lisait ni l'anglais, ni le sanscrit, ne pouvait évidemment s'en appercevoir. Il avait une foi aveugle dans les textes qu'il avait trouvé dans les musées parisiens. Pourtant, il considéra le refus de publication comme une injure personnelle, il démissionna de la Société Théosophique et garda une haine violente pour Leadbeater et les dirigeants de la Société Théosophique. Il trouva finalement une autre maison d'édition et son livre sorti quelques mois plus tard, les erreurs étant bien entendu dûment corrigées, mais sans aucune référence aux remarques de Leadbeater.

Tout de suite après la parution de son premier livre, Guénon prépara sa revanche en publiant Le Théosophisme ou l'histoire d'une pseudo-religion, un livre peu soigné sur le plan de l'histoire et des faits.

Bien que la réputation de Mme Blavatsky et de Leadbeater aient été restaurées par plusieurs décisions des tribunaux, Guénon n'en tint aucun compte: il s'acharna à publier des documents erronés, se "trompant" sur les personnes et les dates avec une désinvolture coupable et une ignorance évidente. Plusieurs auteurs sérieux n'eurent ainsi aucune difficulté à démontrer l'ignorance du sanscrit et l'indiscutable mauvaise foi de Guénon, en particulier dans son étude du Karman. Certains de ces auteurs, excédés par cette attitudes

ont utilisé des qualificatifs véhéments et quelque peu mérités à son égard, tels que "sycophante dont la malhonnèteté n'a d'égale que la parti pris et la méconnaissance de son sujet" (Noël Richard-Nafarre)

Pourtant ses supporters de l'Action Française d'abord, et plus récemment de l'extrême-droite française, continuent à ressasser jusqu'à l'ennui ces vengeances enfantines, certains même en rajoutent....

Mais les bévues de Guénon sont parfois de taille. Dans son Théosophisme  , il croit que Samuel Lyddel Mac Gregor Mathers, Impérator de la Golden Dawn, est mort en laissant à son frère cadet, époux de la soeur du philosophe Henri Bergson, représenter la Golden Down par des activités fantaisistes en France, or l'Impérator n'eut jamais de frère. Le lecteur familier de ces questions devra relire le passage à plusieurs reprises pour en croire ses yeux!

Ce n'est pas sa seule erreur de ce genre: il en commet une autre et aussi énorme à propos de Bulwer Lytton, l'auteur des Derniers Jours de Pompeï;   erreur de potache équivalente à celle de confondre Alexandre Dumas, père et fils.... ou encore de confondre les Solovioff, deux frères, cette fois.

Il faudrait un livre entier pour reprendre toutes les inexactitudes, les présentations tendancieuses des faits, les affirmations gratuites présentées comme des certitudes établies, qui constituent l'ossature de l'oeuvre de Guénon. Repondre point par point dans le cadre limité d'Internet est impossible, car ce n'est pas seulement dans ses polémiques que Guénon prend des libertés inacceptables avec la réalité.

Il y a peut-être une autre raison pour l'acharnement de Guénon contre la Société Théosophique et ses dirigeants: la plupart de ses membres étaient des universitaires et penchaient politiquement vers le

socialisme, les deux ennemis inavoués de Guénon. Madame Blavatshy parlait quatre langues et avait bénéficié de l'excellente éducation des jeunes femmes de l'aristocratie russe; Mme Besant avait obtenu

son doctorat, Leadbeater un doctorat en théologie d'Oxford, et suprème camouflet pour Guénon, James I. Wedgwood, un théosophe anglais, a obtenu son doctorat ès Sciences en Sorbonne, en français, où Guénon avait si lamentablement échoué.

La marche de l'histoire a sans doute fait la part des choses. Tandis que René Guénon a sombré dans l'oubli du grand public, Mme Blavatsky et sa Société Théosophique occupent bonne place dans la partie

historique du Petit Larousse Illustré, l'abrégé de la culture française, dont Guénon est tout naturellement absent.

1924 voit se resserrer les liens d'amitié entre Guénon, Charles Maurras et Léon Daudet. Guénon participe à l'Action Française. Il participe avec Jacques Maritain, René Grousset et l'auteur, au débat organisé par les " Nouvelles Littéraires " à l'occasion de la parution du livre de Ferdinand Ossendowski, Bêtes, Hommes et Dieux.

C'est en 1925 que débute la collaboration de Guénon au Voile d'Isis de Paul Chacornac, revue qui perdra peu à peu son caractère occultiste et à Regnabit la revue universelle du Sacré-Coeur du père Félix Anizan, o.m.i. et de L.A. Charbonneau-Lassay. C'est par ce dernier que Guénon aura connaissance de la survivance de groupes d'hermétisme chrétien. L'éditeur Charles Bosse publie l'Esotérisme de Dante, dont un chapitre traite d'une société ésotérico-religieuse, la Fede santa. Par contre, L'Homme et son devenir selon le Védânta paraîtra chez Bossard. C'est aussi en décembre de cette année que Guénon done finalement son unique conférence en Sorbonne: La métaphysique orientale.

1926 - Guénon obtient l'enseignement de la Philosophie au cours Saint-Louis, une école libre de jeunes filles fréquentée par sa nièce Françoise. Un poste qu'il gardera jusqu'en 1929. Il écrit notamment: "Terre sainte et cúur du monde pour Regnabit et participe à diverses revues: Vers l'Unité (organe de la droite nouvelle), la Revue bleue, Au Christ Roi (organe du Hiéron de Paray-le-Monial), de 1926 à 1929, il fournit près de vingt-cinq comptes rendus de livres à une autre revue d'inspiration catholique Vient de paraître . Il aurait inspiré la même année la formation d'un groupe d'amis: Union Intellectuelle pour l'Entente entre les Peuples. En fait, il fréquente alors des milieux bien divers, parfois très parisiens comme

le salon de Juliette et Albert Gleizes.

La duplicité des entreprises de Guénon résulte en 1927 en des situations inattendues. D'une part, la publication du Roi du Monde et de La Crise du Monde Moderne sont bien accueillies par un public non

averti, mais il est évincé de la revue Regnabit, le père Anizan l'accuse "d'hétérodoxie" et la Revue internationale des sociétés secrètes entreprend une série d'articles soulignant les erreurs de son oeuvre.

La santé de Berthe Guénon commença à se détériorer. Elle dut réduire le travail qu'elle faisait pour son mari. Peu à peu, l'activité de l'auteur baissa et il eut de plus en plus de temps libre. Il rencontra Mme Dina, une riche veuve américaine. Tous deux feront ensemble de courts séjours en Bretagne et en Savoie. Le décès de son épouse survient le 15 janvier 1928, et est suivi de peu de la mort de sa tante. René Guénon, sans famille, est désormais libre de ses mouvements. Sa liaison avec Mme Dina se renforça qui s'appuyait sur un intérêt commun pour les écrits soufis et sur la nécessité de Guénon de trouver une solution à ses problèmes d'argent. Elle culmina au début de 1930 et le couple prit la décision de partir pour l'Egypte.

Ils partirent pour le Caire le 5 mars 1930. Mais bientôt leur relation se déteriora. Mme Dina se rendit compte des buts réels de son compagnon et rentra à Paris. René, laissé seul et pratiquement sans ressources vécut quelques mois fort pauvrement dans le vieux Caire autour de la mosquée Seyidna el Hussein, faisant la connaissance du sheikh Salâma Radi de la branche shadilite à laquelle il avait été rattaché en 1912, pendant sa liaison avec le peintre suédois. Guénon est introduit dans le cercle du Sheikh et commence à fréquenter l'université El Azhar adoptant en tous points les us et coutumes locaux, émaillant sa conversation en arabe de dictons populaires. Le Voile d'Isis publie régulièrement deux articles de sa main à chaque livraison, une très importante série sur l'initiation durera jusqu'en 1937. En préparation depuis fort longtemps, le Symbolisme de la croix paraît chez Véga, dédié à la mémoire du sheikh Elish.

C'est en 1932 que Guénon se lie avec le sheikh Mohammed Ibrahim et voit souvent Valentine de Saint-Point (Rawheya Nour-Eddine). Il publie les États multiples de l'être aux éditions Véga, qui est une

séquelle de L'Homme et son devenir, dont les matériaux étaient également rassemblés depuis près de vingt ans. Ses articles sur l'initiation en 1933 attirent l'attention de F. Schuon qui avait constitué un groupe soufi en France. Ce dernier rendit visite à Guénon à deux reprises.

Le mariage de Guénon avec Fatma Hanem, la fille du sheikh Mohamed Ibrahim en juillet 1934 met fin à ses problèmes d'argent endémique. Il vend l'appartement qui lui était venu de sa première épouse et

s'installe chez son beau-père. Il continuera de correspondre avec la France jusqu'à la guerre qui interrompra le courrier. Le sheikh Ibrahim meurt en 1937 et de nouveaux problèmes financier commencent à surgir. Le climat politique de l'avant-guerre a pour résultat de transformer l'Egypte en une terre idéale pour l'espionage et Guénon se fait recruter par l'Angleterre; une maison est mise à sa disposition dans le faubourg de Doki, à l'ouest du Caire, par l'agent britanique John Levy. C'est dans cet immeuble situé dans la rue Nawal que René Guénon reçoit de nombreux visiteurs: Titus Burckhardt, J. A.

Cuttat, mais surtout l'anglais Martin Lings, son contact. F. Schuon y vint aussi et les deux hommes ouvrent un réseau de comptes banquaires en Suisse, sous le prétexte d'y promouvoir l'Islam.

Au cours de l'été 1939, Revé Guénon commence à souffrir de problèmes respiratoires. Grand fumeur, (jusque quatre paquets de cigarettes par jour, selon ses proches) il met sa faible constitution à lourde

épreuve surtout à cause du climat du Caire. Il fait plusieurs rechutes, mais se rétablit au début de 1940. Après le désastre de mai 1940 et l'établissement du gouvernement du Maréchal Pétain, Guénon est approché d'abord par Vichy, puis par l'Allemagne. Après avoir refusé de collaborer et averti ses contacts anglais, Guénon se verra dans l'obligation de devenir agent double une fois découvert par les allemands. Il établit un réseau d'agents locaux et se fait adresser du courrier à leurs adresses. Il commence à accepter des sommes de plus en plus considérables pour les services qu'il rend au 3e Reich et réduit progressivement sa contribution aux services anglais.

Guénon est vu fréquemment dans un bar célèbre du Caire, un vrai nid d'espions, où il rencontre une danceuse égyptienne connue. Patriote et nationaliste, cette femme maintient des liaisons avec beaucoup

d'officiers, anglais et allemands, et en profite pour renseigner les services égyptiens. Mais Guénon n'est pas un professionnel du renseignement, il parle trop à son amie égyptienne. En quelques mois, il est découvert par les anglais qui décident de l'utiliser, sans doute à son insu, comme agent d'intoxication. Il est placé sous une surveillance discrète jusqu'à la fin de la guerre.

Son premier enfant, une fille prénommée Khadija, naît en 1944 et en 1945 son livre Du Règne de la Quantité et les Signes des Temps est publié à Paris.

En 1946, Guénon installe définitivement sa famille en plein centre du Caire, rue Gam'a Âbdine. Il publie les Principes du Calcul Infinitésimal, La Grande Triade et les Aperçus sur l'Initiation, un recueil d'articles parus dans diverses revues. Ayant gardé des contacts dans les milieux du renseignement, Guénon offre ses services à l'administration du roi Farouk, qui acceuille les réfugiès nazis. Le réseau construit avant la guerre est mis à contribution pour le transfer de devises entre la Suisse et l'Egypte.

1947 voit la naissance d'une seconde fille Leila. et en 1948, Guénon, qui a compris que ses contacts avec Vichy et les nazis, pendant la guerre, ne lui permettrons pas de remtrer en France, demande et obtient la nationalité égyptienne. Bien qu'il souffre de nouvelles difficultés de santé, il publie douze articles cette année-là.

Le premier fils de Guénon, Ahmed, naît le 5 septembre 1949. Sur son initiative, une loge extraobédentielle "Les Trois Anneaux" est créée, qui connaîtra une existence éphémère. Il publie trois articles successifs dans les Etudes traditionnelles sur le christianisme et l'initiation. Guénon entre en contact avec le "Mouvement des Officiers Révolutionnaires", un groupe de militaires préparant la déposition du régime corrompu du roi Farouk. Appartiennent à ce groupe, Gamal Abdel Nasser et Anwar al Saddat. Très vite découvert, Guénon se voit forcé à nouveau d'ietre agent double, sa famille étant

menacée.

Les rapports avec F. Schuon, qui dataient d'avant la guerre et qui avaient permi l'établissement de comptes banquaires en Suisse, se dégradent. Le réseau est démantelé après que son existence ait été

découverte par les autorités. En décembre 1950, Guénon tombe sérieusement malade, il doit s'aliter et reçoit les soins de son ami, le Docteur Katz. Il meurt dans la nuit du 7 janvier 1951, peu après avoir dit: El Nafass Khalass et non en invoquant le nom d'Allah, comme le rapporte la légende... La cause officielle de sa mort est le cancer de la gorge, dû probablement aux excès de tabac, mais des rumeurs circulent qui indiquent un empoisonnement par les services secrets du roi Farouk. Ses funérailles, eurent lieu le lendemain selon le rite musulman. Le 17 mai suivant, son deuxième fils naquit: Abdel Wahêd.


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